Les stimulations sensorielles présentes dans notre environnement guident nos actions. Par exemple, si vous vous questionnez sur ce que vous devriez porter pour aller marcher dehors, en ouvrant la porte extérieure vous ressentirez la température. Par contre, chaque personne réagira à sa manière à ces stimulations. La perception de la température différera pour chacun et le choix de l’habillement variera en ce sens. Dans certains contextes, il arrive que des individus présentent des comportements associés à de l’hyperréactivité ou à de l’hyporéactivité. Ces comportements se retrouvent d’ailleurs plus fréquents chez l’enfant qui a moins de facilité à se contrôler en présence d’un inconfort sensoriel.
Hyperréactivité
L’hyperréactivité correspond à une réaction démesurée face à une stimulation jugée tolérable par la plupart des gens. Un enfant peut crier et mettre ses mains sur ses oreilles lors d’une fête où un groupe commence à chanter. Un autre refusera de porter des manches longues même en hiver. Un élève sera déconcentré par le clignotement des néons en classe.
Plusieurs stratégies peuvent être utilisées en présence d’un comportement d’hyperréactivité :
- Éliminer, si possible, la stimulation répulsive du quotidien. Par exemple, couper les étiquettes des chandails est simple et sans conséquence.
- Diminuer certaines stimulations dérangeantes, comme baisser le volume de la radio en voiture pour que votre enfant se sente plus à l’aise.
- Offrir une pause des stimulations trop importantes. Par exemple, un élève peut se rendre à la salle de toilette lorsque le niveau de bruit est trop élevé en classe, pour ensuite revenir plus détendu.
- Intégrer des stimulations calmantes dans la routine. Qu’on pense aux massages et aux mouvements linéaires constants, comme se balancer, qui produisent souvent un effet bénéfique.
Les comportements d’hyperréactivité sont régulièrement associés à de l’anxiété. Il convient donc de tenter de déterminer si c’est le cas, et si oui, quelle en est la cause puisqu’un enfant anxieux risque de réagir plus fortement en présence de stimulations dérangeantes.
Hyporéactivité
L’hyporéactivité se définit comme l’absence de réaction, ou une réaction faible, face à une stimulation jugée importante par la plupart des gens. Un enfant peut remplir exagérément sa bouche pour bien sentir les aliments et les mastiquer. Un autre ne répond pas à une consigne dite plusieurs fois par le parent, comme s’il ne l’entendait pas. Un élève appuie excessivement sur son crayon de plomb pour bien percevoir le mouvement.
Plusieurs stratégies existent en présence d’un comportement d’hyporéactivité :
- Intensifier les stimulations lors d’une même activité pour susciter une réaction. Par exemple, énoncer une directive en chantonnant plutôt que d’utiliser un ton monotone.
- Intégrer des stimulations excitantes dans la routine. Les chatouilles, les sauts ou les lumières vives favorisent la mise en action chez l’enfant.
On recommande d’éviter d’étiqueter l’enfant en le qualifiant d’hyperréactif ou hyporéactif. En effet, le contexte dans lequel il se trouve influence grandement ses comportements. Il pourra démontrer des agissements associés à de l’hyperréactivité lors des courses dans un centre commercial bondé, mais présenter des manifestations d’hyporéactivité en fin de journée au retour de l’école. L’important est de reconnaître ses inconforts sensoriels et de l’accompagner lorsqu’ils surviennent pour l’amener à fonctionner le mieux possible au quotidien.
Myriam Chrétien-Vincent, ergothérapeute et candidate au doctorat à l’Université Laval. Myriam est ergothérapeute depuis 2010 et s’intéresse particulièrement aux interventions pouvant favoriser la participation des enfants présentant des difficultés de modulation sensorielle. Elle est actuellement candidate au doctorat en sciences cliniques et biomédicales, concentration adaptation/réadaptation à l’Université Laval. Dans son projet doctoral, elle s’intéresse à soutenir l’éducateur en milieu éducatif à la petite enfance qui intègre un enfant avec un trouble du spectre de l’autisme et des difficultés de modulation sensorielle affectant sa participation. Elle est co-auteure du livre Mon enfant apprivoise ses sens publié aux Éditions du CHU Sainte-Justine.
Lire aussi :
Un monde plein de sens