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Un monde plein de sens 

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Sans les multiples stimulations sensorielles que notre corps perçoit et que notre cerveau analyse, notre monde serait bien différent. La clarté du jour offre un repère quant à l’heure du lever, le goût désagréable d’un aliment peut mettre en évidence qu’il est périmé et la chaleur ressentie lorsqu’on touche à un rond de poêle indique qu’on doit vite réagir pour éviter une blessure sérieuse. Nos sens distinguent une grande quantité d’informations qui guident ensuite nos actions.

Ces sens sont le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe et la vue qui sont bien connus. À ceux-ci s’ajoutent les systèmes vestibulaire et proprioceptif.

Le système vestibulaire
Ce système se rapporte aux mouvements et à l’équilibre. Ces récepteurs sont situés dans l’oreille interne et permettent à la personne de sentir son corps bouger dans l’espace, et ce, dans tous les axes. Se balancer, avancer en voiture et faire un tour de manège constituent des activités associées au vestibulaire.

Le système proprioceptif
Ce système est essentiel au travail musculaire. Les récepteurs situés dans les muscles, les tendons et les ligaments sont stimulés par la pression et l’étirement. Soulever un objet lourd et ajuster la position de son pied sur un sol inégal pour ne pas tomber sollicitent le système proprioceptif.

Par ailleurs, nager, courir ou faire de la bicyclette sont des activités vestibulo-proprioceptives puisqu’elles utilisent la contraction des muscles pour mettre le corps en mouvement.

Chaque enfant et chaque adulte a sa propre manière de traiter les stimulations. Certaines personnes ne peuvent endurer les étiquettes à l’intérieur des chandails alors que d’autres y sont indifférents. Des individus ont besoin de bouger constamment contrairement à leurs semblables. Des adultes préfèrent la musique forte au retour d’une grosse journée de travail, mais plusieurs ne la supportent pas. Ce niveau de tolérance ou ce besoin associé aux stimulations sensorielles peut varier chez une même personne, selon divers facteurs comme le stress ou la fatigue.

Pour le petit bébé, la plupart des stimulations auxquelles il est exposé sont nouvelles. Il se crée progressivement un répertoire de sensations agréables ou désagréables. Il apprécie la chaleur des bras de sa mère, la voix rassurante de ses parents ainsi que le goût sucré et l’odeur du lait. Par contre, il peut rapidement associer le linge de table dans son visage ou le retrait de la couche à une expérience aversive. Comme parent, on peut chercher à introduire dans l’activité des stimulations sensorielles agréables pour diminuer celles plus répulsives. Plusieurs le font d’emblée en chantant une comptine pendant qu’ils nettoient la bouche du bébé ou en lui massant les pieds avant de changer sa couche.

Les multiples stimulations présentées au jeune enfant sont nécessaires à son développement. Les stimulations tactiles et proprioceptives aideront le bébé à connaître les limites de son corps et favoriseront son développement moteur. Proposer des aliments variés en goût et en texture soutiendra l’enfant dans l’établissement de ses préférences. L’exposer à des environnements divers tant sur les plans visuel, auditif qu’olfactif lui inculquera une meilleure tolérance face à la nouveauté.

En bref, offrir des expériences sensorielles agréables et variées est un moyen accessible à tous pour favoriser le développement de l’enfant.

Myriam Chrétien-Vincent
Ergothérapeute et candidate au doctorat à l’Université Laval

 

Myriam est ergothérapeute depuis 2010 Elle est actuellement candidate au doctorat en sciences cliniques et biomédicales, concentration adaptation/réadaptation à l’Université Laval. Dans son projet doctoral, elle s’intéresse à soutenir l’éducateur en milieu éducatif à la petite enfance qui intègre un enfant avec un trouble du spectre de l’autisme et des difficultés de modulation sensorielle affectant sa participation. Elle est co-auteure du livre Mon enfant approvoise ses sens aux Éditions du CHU Sainte-Justine.

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